SAVOIR RESISTER AUX ACHATS COMPULSIFS
Quelle femme n’a jamais acheté, sans en avoir spécialement besoin, un objet une robe, un bijou, un sac à main, une paire de chaussures… Juste parce que c’était une occasion à ne pas manquer ou parce que « cela pouvait servir » ? Souvent même, sans jamais avoir à utiliser l’objet en question par la suite ! Certaines remplissent leurs armoires sans comprendre “ce qui leur a pris”. Mais la tentation est irrésistible : devant les vitrines des magasins, elles craquent, ne pouvant se contenter de regarder : il faut qu’elles achètent ! C’est plus qu’important pour elles, sinon, elles vont sans vouloir de ne pas l’avoir fait …
Dans notre société de surabondance, ces personnes ressentent un plaisir à dépenser l’argent qu’elles n’ont pas, juste pour le plaisir et surtout, pour satisfaire une pulsion qui les dépassent.
Qu’est ce qu’un achat compulsif ?
Un achat inutile ou utile d’objets, le plus souvent en plusieurs exemplaires. Se reproduisant d’une façon permanente ou épisodique et survenant chez une personne ne pouvant pas se contrôler, est appelé achat compulsif. Ces épisodes de déséquilibre psychique ont été comparés à des accès boulimiques La frénésie incontrôlable d’achats est une pathologie en augmentation (1,1% de la population générale), qui touche principalement les femmes (80 à 92% des acheteurs compulsifs) d’après les dernières études.
Les acheteuses compulsives sont le plus souvent âgées de 30 à 40 ans, ont un bon niveau professionnel, scolaire ou universitaire.
La plupart du temps, les femmes achètent des vêtements, des chaussures, des bijoux, des objets de décoration, du maquillage etc…alors que les hommes préfèrent les disques, les objets multimédias, et pour les plus fortunés, les voitures et les antiquités.
On peut comparer cette frénésie d’achats à un besoin de drogue ou d’alcool. Ces personnes sont dans le même besoin et sous la même pression.
Comme dans toute addiction, ils ressentent cette euphorie qui les poussent à dépenser sans en avoir besoin et qui les rend heureux dans l ‘instant même. Puis ils se ressaisissent, se promettent de ne plus recommencer car ils sont conscients d’avoir fait des folies et recommencent de plus belle quelques jours plus tard. Au travers de ces achats compulsifs, la « victime » met en jeu l’équilibre familial tout entier dans la mesure où ces achats dépassent de loin les possibilités du ménage.
- Les achats imprévus ou compulsifs tiennent une large place dans la consommation moderne, entre 25% et 65% selon les chiffres du Credoc
- 4 % de la population française souffre de dépenses compulsives. 90 % sont des femmes.
- 54 % sont mariées et la moyenne d’âge des acheteuses compulsives est de 36 ans.
- Les quatre principales dépenses compulsives concernent les vêtements, les chaussures, les bijoux et les produits de beauté.
- La journée sans achat a lieu tous les ans, en Europe, le dernier samedi du mois de novembre.
L’endettement est l’une des conséquences de cette dépendance (83% des acheteurs compulsifs)
Dépression et trouble de la personnalité
Lorsque ces personnes se rendent compte des conséquences négatives de leurs achats excessifs, ils sont confrontés au problème du contrôle de leur impulsion, ce qu’ils ne parviennent pas à réaliser. Le surendettement peut les pousser à chercher du secours et à consulter.
La compulsion des achats est présente chez 32% des dépressifs, qui accusent des sentiments d’infériorité et cherchent une compensation à une existence qu’ils voient comme médiocre.. C’est ce qui ressort d’une des dernières enquêtes effectuées sur ce sujet.
Les troubles de la personnalité sont présents, avec un type « proche de la personnalité borderline, qui est caractérisée par une impulsivité marquée, des émotions excessives, une instabilité des relations interpersonnelle, de l’image de soi et des affects » (J. Cottraux)
L’acheteur pathologique recherche l’émotion positive pour compenser une émotion négative, une frustration qu’il ne sait canaliser. D’où l’intérêt d’une aide psychologique
Ces achats compulsifs accompagnent généralement d’autres troubles tels que les obsessions, les compulsions, les TOC, les troubles de l’humeur et certaines dépendances.
Ces personnes doivent se faire aider psychologiquement par des thérapeutes qui ont l’habitude de traiter les problèmes de comportement et encore mieux, ceux qui sont spécialisés dans les addictions.
Il existe aussi des groupes de soutien, du style des alcooliques anonymes.
Dépression et achats compulsifs
Il est bien connu que certaines femmes se consolent de difficultés passagères ou d’une déception amoureuse , en allant faire du shopping. .La mode les aidant à remettre constamment leur garde robes ou leur décoration intérieure en l’ordre du jour, elles croient calmer leurs souffrances en suivant la tension ressentie par le désir de posséder l’objet convoité. Cette possession agirait un peu comme un calmant momentané de leurs souffrances. Mais une fois l’objet acheté, le plaisir s’efface et la douleur revient…Il leur faut envisager un nouvel achat et retour à la case départ…
Les achats compulsifs sont comme la boulimie pour les aliments, c’est un besoin qui ne s’apaise jamais.
Le vecteur indispensable et qui permet de payer l’objet dont ces personnes ressentent un sentiment amoureux est l’argent. C’est en utilisant surtout les cartes de crédit (qui leur donne l’impression de faire en quelque sorte leurs achats sans culpabiliser sur le moment puisque le paiement leur paraît « virtuel », que certaines se mettent dans une situation financière désastreuse.. Pour « se faire plaisir à elles mêmes », ces personnes prennent souvent une revanche sur le passé, sur ce qu’elles ont interprété comme un manque d’amour, soit par des refus de tout ce qu’elles voulaient dans leur enfance, soit en épousant un mari qui contrôle d’une façon exagéré le budget qu’il consacre à sa femme, soit ce même mari qui, tout en lui donnant un budget correct, ne peut s’empêcher de culpabiliser sa femme constamment. En dépensant ^plus que la normal, cette femme se venge des souffrances que celui ci lui occasionne…
D’où, encore une fois, l’intérêt pour ces femmes de se faire aider par des spécialistes car le problème même pour celles ci est un manque complet de confiance en elles et un manque d’amour d’où un déséquilibre certain dans leur couple.
Ce qui permet de dire que sur le plan psychologique, la surconsommation vient d’un déséquilibre entre le rationnel et l’émotif; l’achat n’a donc pas de lien avec le besoin réel ou l’utilité du produit convoité.
Et surtout, ce n’est pas parce que nous parlons beaucoup des aspects psychologiques de ce phénomène, que nous n’engageons pas la responsabilité des créanciers qui encouragent et facilitent indûment l’usage du crédit L’acheteur compulsif n’a pas ce qu’il lui faut, psychologiquement, pour se battre face aux pressions de notre société de consommation: la publicité et les techniques de vente, sont omniprésentes et agissent sur nous d’une manière insidieuse, ce qui fait que les personnes fragilisées par leur vie personnelle, n’arrivent pas à faire face.
Ces tentations deviennent pour eux des intoxications permanentes. Pour y faire face, voici quelques astuces :
- Ne jamais faire les courses seuls(es).
- Se fixer un budget inférieur à ses besoins et s’y tenir un maximum.
- Prendre toujours le temps de réfléchir avant d’acheter l’objet convoité ( se donner une nuit pour y réfléchir)
- Travailler sur son image pour s’aimer telle qu’on est et non pas telle que la société veut nous habiller ou nous équiper. Faire qu’on nous aime pour ce que nous sommes et non pas pour l’apparence extérieure.
- Penser aux difficultés que nous fera vivre une carte bancaire qui vire au rouge.. Bien se dire que l’insatisfaction provoquée par le manque d’argent nous enlèvera tout bonheur suscité par cet achat.
- Bien contrôler ses achats quand les finances ne le permettent pas apporte plus de satisfaction que l’achat lui même.
- Et surtout, chaque réflexion qui permet de se dépasser nous fait grandir et nous éloigne du groupe des « acheteurs compulsifs ». Cette fierté là peut devenir pour chacun de nous aussi euphorisante que l’achat lui même. C’est nous dépasser et grandir. C’est bon pour notre égo.
Les achats compulsifs sur internet
Le E-shopping : les sites de ventes en ligne ont explosé ces dernières années. C’est tellement plus facile de faire des courses de chez soi, au chaud, derrière son écran, en un clic de souris et de dévaliser une boutique on line sans avoir à sortir son portefeuille ! Il y a tellement de choix, qu’en plus, on ne peut pas ne pas trouver l’objet qu’on recherche… Et ces sites qui vendent par enchères !!! Quoi de plus jubilatoire que d’être « celui » qui remporte la vente et en plus en faisant une affaire ! Attention danger pour tous ceux qui, soit à cause de problèmes psychologiques ou physiques, fuient la foule, les gens et qui trouvent là le plaisir qu’ils n’avaient pas avant l’existence d’internet…Ces personnes ont encore plus de mal à prendre conscience de ce qu’elles dépensent si elles ne tiennent pas leurs comptes bien à jour et surtout d’une façon très détaillée . Ne jamais oublier de bien mentionner ses dépenses sur son chéquier à chaque commande et faire ses comptes à chaque fois.
D’après une étude menée par le cabinet Harris Interactive, 55% des femmes âgées de 45 à 54 ans sont susceptibles de réaliser des achats compulsifs sur internet. Contre 38 % des hommes !
(Source www.buzzinessman.com )
Chantal ROLLAND