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Jean Nicolas Arthur Rimbaud

  |   L’Art et la solitude   |   Pas de commentaire

Arthur Rimbaud (Jean Nicolas Arthur Rimbaud) est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes, et mort le 10 novembre 1891 à l’hôpital de la Conception à Marseille.

 

Lycéen brillant et poète précoce, Arthur Rimbaud excelle dans les compositions latines, parmi lesquelles on trouve ses plus anciennes productions en vers connues. Sous l’influence des romantiques et des parnassiens, ses premiers vers français connus datent de la fin de l’année 1869 (Les Étrennes des orphelins et Invocation à Vénus, plagiat d’une traduction de Lucrèce par Sully Prudhomme).

 

. Le 29 août 1870, en pleine guerre, Arthur fugue en direction de Paris. Reconduit dans sa famille après quelques jours de prison, il fugue une seconde fois et se retrouve en Belgique cherchant à devenir journaliste. Il écrit des poèmes inspirés par le contexte de la guerre franco-prussienne et par son passage dans la ville ouvrière de Charleroi (Au cabaret-vert, cinq heures du soir – Le Dormeur du val). Il fugue une troisième fois à Paris en février – mars 1871 et les témoignages de Verlaine, Delahaye et Forain laissent entendre qu’il est venu à Paris entre le 15 mai 1871 et la semaine sanglante, ce que les biographes peinent à établir. Il revient finalement à Paris à l’invitation de Verlaine en septembre 1871 : commence alors une vie d’errance et une liaison homosexuelle tumultueuse qui s’achèvera en juillet 1873 par les coups de revolver tirés par Verlaine sur Rimbaud. Verlaine est condamné à la prison tandis que Rimbaud retourne dans sa famille à Roche. Il fait alors imprimer une plaquette qui, non payée, ne sera pas diffusée : Une saison en enfer. Sa sœur Isabelle prétend que Rimbaud a écrit Une saison en enfer après le 10 juillet pour renier ses erreurs, mais ce témoignage est tendancieux et contredit par l’existence de brouillons qui furent conservés par Verlaine. Les autres poèmes à la forme libérée écrits à cette époque seront regroupés dans les Illuminations, recueil publié à l’initiative de Verlaine en 1886. Les uns sont des poèmes en vers peu académiques connus aujourd’hui sous le titre apocryphe de Derniers vers, les autres forment un ensemble de poèmes en prose qui a seul conservé le titre Illuminations

 

Arthur Rimbaud cesse d’écrire à 20 ans et poursuit à partir de 1875 une vie aventureuse : il s’engage dans les troupes coloniales des Indes néerlandaises (Indonésie actuelle), déserte et rentre en Europe. Embauché comme agent commercial, il arrive en décembre 1880 à Harar en Abyssinie et devient gérant d’un comptoir où s’échangent or, ivoire, armes, soie et bimbeloterie. En 1891, une tumeur au genou droit le conduit à se faire rapatrier : amputé à Marseille, il revient quelques semaines à Roche près de sa mère et de sa sœur Isabelle. Rêvant de repartir en Afrique, il retourne à Marseille où son état s’aggrave : il y meurt le 10 novembre 1891, à l’âge de 37 ans et sera enterré à Charleville.

 

Le destin du créateur qui cesse d’écrire à 20 ans et sa vie anti-bourgeoise ont fait d’Arthur Rimbaud une des figures du génie flamboyant et libertaire pour qui le poète devait être « voyant » et qui proclamait qu’il fallait « être absolument moderne ».

 

Le Père, à un concert donné place de la Musique à Charleville1, aurait remarqué Vitalie Cuif, une jeune paysanne de Roche, petite bourgade près d’Attigny et installée à Charleville. Marié très vite avec elle, il repartira avec sa garnison, ne revenant que quelques rares fois, le temps de lui faire un enfant pendant quelques années consécutives. Après la naissance de cinq enfants (Frédéric, Arthur, Victorine, décédée à l’âge d’un mois, Vitalie et Isabelle), il abandonne sa famille.

 

Au départ du père, Vitalie emménage avec ses enfants dans un taudis, rue Bourbon, une des plus misérables rues de Charleville à l’époque. Arthur a alors 7 ans.

 

Sa mère, figure rigide et soucieuse d’éducation et de respectabilité, interdit ainsi à ses enfants de jouer dans la rue avec les enfants d’ouvriers. Le dimanche, on voit passer la famille à la queue-leu-leu, la mère fermant la marche vers l’église. Mais Vitalie veille aussi sur ses enfants, et, si violente qu’ait été la révolte d’Arthur plus tard, c’est vers elle qu’il reviendra toujours ainsi que vers sa sœur cadette Isabelle.

 

Arthur poursuit ses études à l’institution Rossat, puis au collège, où sa scolarité exceptionnelle montre sa prodigieuse précocité : il collectionne tous les prix d’excellence, en littérature, version, thème, et rédige avec virtuosité en latin des poèmes, des élégies, des dialogues. Mais, comme le poème Les Poètes de sept ans2 le laisse imaginer, il bout intérieurement :

 

Tout le jour il suait d’obéissance ; très

 

Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits,

 

Semblaient prouver en lui d’âpres hypocrisies.

 

Dans l’ombre des couloirs aux tentures moisies,

 

En passant il tirait la langue, les deux poings

 

À l’aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.

 

Extrait des Poètes de sept ans

 

En juillet 1869, il participe aux épreuves du Concours académique3 de composition latine sur le thème « Jugurtha », qu’il remporte facilement. Le principal du collège M. Desdouets aurait dit de lui : « Rien de banal ne germe dans cette tête, ce sera le génie du Mal ou le génie du Bien. »[réf. souhaitée]. En obtenant tous les prix dès l’âge de 15 ans, il s’affranchit des humiliations de la petite enfance.

 

 

 

Vers la poésie

 

Manuscrit des Assis

 

En 1870, alors en classe de rhétorique, en première, Rimbaud se lie d’amitié avec Georges Izambard, son jeune professeur de rhétorique qui est son aîné de seulement six années. Il devient une sorte de rempart contre sa mère, encore surnommée par Arthur « maman fléau » ou « mère rimbe », et surtout il lui prête ses livres, tel les Misérables de Victor Hugo, car le jeune Arthur s’est « reconnu poète4 ».

 

De cette époque, subsistent les premiers vers : Les Étrennes des orphelins et cet ensemble que la critique appelle le « recueil Demeny » (fin 1870) bien qu’il ne s’agisse pas d’un recueil mais d’un ensemble de feuillets volants où Rimbaud a recopié ce qu’il estime pour l’instant l’essentiel de ses compositions. Pour certains poèmes remis à Demeny, des versions antérieures ont été remises au poète Banville et à son professeur Izambard. À cela il convient d’ajouter deux textes en prose, la nouvelle Un cœur sous une soutane remise à Izambard et le récit Le Rêve de Bismarck publié dans le Progrès des Ardennes du 25 novembre 1871. L’orientation poétique est alors clairement celle du Parnasse. La revue collective Le Parnasse contemporain initie Arthur Rimbaud à la poésie de son temps. Dans une lettre du 24 mai 1870, envoyée au chef de file du Parnasse Théodore de Banville, Arthur, alors âgé de 15 ans, qui cherche à se faire publier dans Le Parnasse contemporain, affirme vouloir devenir « Parnassien » ou rien. Il y joint trois poèmes : Ophélie, Par les soirs bleus d’été… et Credo in unam. Banville lui répond, mais les poèmes en question ne sont pas, ni alors, ni plus tard, imprimés dans Le Parnasse. Le poème À la musique, écrit à l’automne 1870, évoque ce mal-être de vivre à Charleville.

 

La première version de ce poème remise à Izambard dénonçait le « patrouillotisme » des « ventrus » de Charleville, il était question des « traités », de « La pipe allemande et la musique française ». Le mot « pioupious » est resté dans la version définitive remise à Demeny. Au-delà de la grisaille de Charleville, « l’enfant-poète » veut rejoindre Paris pour assister à la chute du Second Empire et goûter à l’esprit révolutionnaire du peuple parisien. Le 29 août 1870, quelques jours avant la bataille de Sedan, Arthur s’enfuit de Charleville en direction de Paris. Non seulement il n’a pas payé son ticket, mais notre poète pousse des « cris séditieux ». Cette première fugue s’achève à la prison de Mazas, où il passe quelques jours, tandis que se proclame la République. L’État n’a plus de « cris séditieux » à lui reprocher, seulement le fait de ne pas payer le train. S’ensuit un retour à Charleville, où sa mère lui flanque une volée mémorable au milieu du quai de la Madeleine, à côté de l’actuel musée Rimbaud. Mais ce n’est que le début d’une longue série de fugues. On dira de lui : un « voyageur toqué5 ».

 

En avril 2008, un texte inédit de Rimbaud, signé du pseudonyme de Jean Baudry, est découvert6. Il s’agit d’un pamphlet paru dans le journal Le Progrès des Ardennes en novembre 1870. Intitulé Le Rêve de Bismarck, le texte s’en prend au chancelier prussien. Jean-Jacques Lefrère, spécialiste de Rimbaud et auteur de plusieurs ouvrages sur le poète7, atteste son authenticité dans le Figaro du 22 mai 20088

 

Les séjours parisiens de 1871-1872

 

 

 

 

 

Gare de Voncq, près de Roche, de laquelle Rimbaud est parti lors de ses voyages

 

La réouverture de l’école est retardée d’octobre 1870 à avril 1871. Le pays est en guerre. Mais, alors que Rimbaud refusait de combattre pour le second Empire, il considère que, désormais, les prussiens sont un danger pour la naissante République du 4 septembre. Après avoir écrit Le Mal, Rimbaud compose cette fois un poème d’exaltation du soldat républicain Le Dormeur du val, poème qui passe à tort pour une œuvre pacifiste de dénonciation des horreurs de la guerre, confusion qui vient de ce qu’on oublie trop souvent que Le Mal est écrit du temps de l’Empire et Le Dormeur du Val du temps de la République. En novembre 1870, Rimbaud parvient à publier dans le Progrès des Ardennes un récit satirique, Le Rêve de Bismarck, sous le pseudonyme de Jean Baudry, héros du beau-fils de Victor Hugo, Vacquerie. Quoique ce récit soit médiocre, il est significatif. Rimbaud y développe, après Hugo, la symbolique d’une ville de Paris qui est la lumière de la Révolution et qui sera autrement difficile à combattre pour les prussiens. Rimbaud prédit que Bismarck s’y brûlera le nez. Hélas, de cette période marquée par le siège de Mézières, la ville de Delahaye, peu de poèmes nous sont parvenus. Certains poèmes datés de 1871 pourraient avoir été composés entre novembre 1870 et avril 1871, mais comment le savoir ? En attendant, Rimbaud boit de l’absinthe et fait une nouvelle fugue qui le mène à Paris à l’issue du siège en février 1871. La situation politique du pays est tendue et on constate que Rimbaud cherche à entrer en contact avec les futurs communards Vallès et Vermersch, mais aussi avec le milieu des poètes, puisqu’il rencontre le caricaturiste André Gill. Rimbaud revient à Charleville avant le début de la Commune. Plusieurs témoignages prétendent qu’il est revenu à Paris sous la Commune, mais ceci est impossible à démontrer pour l’instant et il faudrait pouvoir déterminer quand. C’est le plus grand mystère biographique de la vie de Rimbaud. En tous les cas, le poète ardennais a ressenti très profondément la tragédie de la Commune (mars à mai 1871) et, bien que brillant élève, il a refusé de retourner au lycée. Il n’aura donc jamais entamé sa dernière année dans l’enseignement secondaire. En revanche, Rimbaud est à Charleville quand il écrit à Izambard et Demeny son projet de devenir « voyant ». En mai 1871, dans sa lettre dite « du Voyant », il exprime sa différence : élaboration d’un vrai programme poétique ou parodie des préfaces-manifestes qui ont émaillé le xixe siècle.

 

Dans un poème violent, L’orgie parisienne (ou : Paris se repeuple), il dénonce la lâcheté des vainqueurs. Sa poésie se radicalise encore, devient de plus en plus sarcastique : Les Pauvres à l’Église, par exemple. L’écriture se transforme progressivement. Rimbaud en vient à critiquer fortement la poésie des romantiques et des Parnassiens, et dans sa lettre à Izambard du treize mai, il affirme son rejet de la « poésie subjective ». C’est également dans cette lettre et dans celle qu’il envoie le 15 mai à Demeny qu’il expose sa propre quête de la poésie : il veut se faire « voyant », par un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Selon Verlaine, Rimbaud a composé son plus beau poème en vers suite à la semaine sanglante. Le poème, perdu, Les Veilleurs comptait 52 vers et était probablement en alexandrins. Son sujet était la douleur sacrée causée par la chute de la Commune.

 

Il est difficile de situer le début de la relation épistolaire avec Verlaine. Celui-ci prétend avoir reçu très peu de courriers et ne parle que de l’envoi des Premières communions et des Effarés. Charles Bretagne met Rimbaud en contact avec son ami Paul Verlaine et un courrier a dû sceller le prochain départ de Rimbaud pour Paris vers le mois d’août. En août 1871, dans son poème parodique, Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs, il exprime une critique ouverte de la poétique de Banville. Finalement Verlaine l’appelle à Paris : « Venez chère grande âme, on vous appelle, on vous attend ! » Rimbaud arrive dans la capitale vers le 15 septembre 1871 et est présenté au dîner des Vilains Bonshommes le 30 septembre 1871. Il est successivement logé par Verlaine, rue Nicolet, non sans heurts avec la femme de ce dernier, puis chez Charles Cros, André Gill et même quelques jours chez Théodore de Banville9.

 

 

 

Rimbaud est très bien accueilli par ses pairs plus âgés, notamment lors de ce dîner des Vilains Bonshommes, où il a rencontré une part essentielle des grands poètes de son temps. Rimbaud avait tout juste 17 ans le 20 octobre de cette année-là ! Rimbaud a dès lors atteint sa maturité poétique comme en témoignent plusieurs chefs-d’œuvres comme Les Premières communions. Le Bateau ivre est composé avant le mois de novembre 1871, étant donné une caricature d’André Gill qui y fait allusion dans l’Album zutique dont les contributions rimbaldiennes datent d’octobre – novembre 1871 également. Des poèmes tels que Voyelles, Oraison du soir, Les Chercheuses de poux, L’Étoile a pleuré rose…, Tête de faune ou Les Mains de Jeanne-Marie semblent dater eux aussi de cette période parisienne. Le manuscrit connu du poème Les Mains de Jeanne-Marie est daté de février 1872 par Verlaine. Rimbaud se fait oublier quelque temps en retournant à Charleville, puis revient dans la capitale dans le courant du premier semestre 1872 pour de nouveau quitter Paris le 7 juillet, cette fois en compagnie de Verlaine. Commence alors avec son aîné une liaison amoureuse et une vie agitée à Londres, puis à Bruxelles.

 

 

 

 

 

Arthur Rimbaud, blessé en juillet 1873 à Bruxelles, tableau de Jef Rosmann.

 

Cette liaison tumultueuse se termine par ce que la chronique littéraire désigne sous le nom de « drame de Bruxelles » : en juillet 1873, les deux amants sont à Londres. Verlaine quitte brusquement Rimbaud, en affirmant vouloir rejoindre sa femme, décidé à se tirer une balle dans la tête si elle n’accepte pas. Il réside dans un hôtel bruxellois. Rimbaud le rejoint, persuadé que Verlaine n’aura pas le courage de mettre fin à ses jours. Alors que Rimbaud veut le quitter, Verlaine, ivre, lui tire dessus à deux reprises, le blessant légèrement au poignet. Verlaine est incarcéré à Mons.

 

Une saison en Enfer et Illuminations

 

Rimbaud rejoint la ferme familiale de Roche où, d’après le témoignage suspect de sa sœur Isabelle, il aurait écrit le livre du repentir Une saison en enfer. Cette idée d’un livre de repentir est de plus en plus confirmée comme un contresens, contresens qui permettait à Isabelle de laver son frère de toute réputation de scandale. En réalité, la lettre à Delahaye de mai 1873, les brouillons détenus par Verlaine, les allusions provocatrices à ce dernier dans Vierge folle, la blessure au poignet causée par le coup de feu, le séjour forcé à l’hôpital et le fait que Rimbaud ait pu proposer son livre à un éditeur belge plaident pour un livre essentiellement rédigé avant le 10 juillet 1873. L’hypothèse la plus plausible serait que Rimbaud ait remis son manuscrit à l’imprimeur Poot, la veille de sa sortie de l’hôpital Saint-Jean, la rue aux choux étant à proximité de celui-ci et le juge t’Serstevens ayant déclaré avoir reçu une lettre de désistement de Rimbaud lui-même, dans son cabinet, ce jour-là 19 juillet.

 

Une saison en Enfer est peut-être, comme l’a prétendu Verlaine, une « prodigieuse autobiographie spirituelle » de Rimbaud. L’écriture chaotique est sans cesse traversée par une multiplicité de voix intérieures. Le locuteur y crie sa souffrance, son expérience intime : il a compris qu’il ne pouvait « voler le feu » pour lui seul. Une « ardente patience » est indispensable pour que la défaite ne soit pas définitive. Mais vouloir oublier « l’Enfer », c’est trahir l’humanité. Pourtant, dans la solitude atroce de la Ville, la fatigue étreint le jeune poète.

 

Régulièrement aphasique ou traversé par des cris de révolte contre l’Église, contre la société du xixe siècle qui enferme l’individu, Rimbaud fait part au lecteur de ses échecs : échec amoureux, et l’on peut penser à sa relation avec Verlaine, mais aussi au fait que pour lui, « l’amour est à réinventer ». Échec aussi de sa démarche de Voyant : c’est un être qui, seul, a voulu se damner pour retrouver le vrai sens de la poésie.

 

Les poèmes écrits par la suite ne sont pas tous identifiés. Il reste des zones d’ombre sur ce que Verlaine a appelé de superbes fragments10, et qui seront édités sous le titre Illuminations. Son parcours s’achève par l’irruption de « la réalité rugueuse à étreindre ». Aussi va-t-il se taire, à 21 ans, parce qu’il a accompli tout ce qui était en son pouvoir, dans le « désert et la nuit » qui l’entourent. Il sait désormais qu’à elle seule, la poésie ne peut changer la vie si elle n’est pas servie par une révolution totale où l’amour, la liberté et la poésie se conjuguent au présent.

 

Après un passage en Afrique et en Egypt, il se fait rapatrier, en 1891 car une tumeur au genou droit s’est déclarée. Il doit être amputé dès son arrivée à l’hôpital de la Conception de Marseille. Le 24 juillet 1891, il débarque à la gare de Voncq, à 3 kilomètres de Roche, avec sa béquille et sa nouvelle jambe de bois. Mais le cancer s’étend, son bras droit est aussi atteint par une métastase, des névralgies s’installent, il repart un mois plus tard, en train, pour aller « faire une bonne mort » à Marseille. Selon sa sœur, il aurait retrouvé la foi catholique durant cette maladie. Il meurt le 10 novembre 1891, à l’âge de 37 ans, dans d’atroces souffrances, veillé par sa sœur cadette Isabelle. Sur son lit d’agonie, il supplie qu’on le fasse « remonter à bord » pour « partir pour Suez ». Néanmoins, son corps est ramené à Charleville, où il est enterré dans la tombe de sa famille maternelle où reposent son grand-père Jean Nicolas Cuif, mort en 1858, et sa sœur Vitalie morte à 17 ans en 1875. Sa mère, Mme Rimbaud, née Vitalie Cuif, les rejoint en 1907.

 

Ses compagnons de vie dans la corne de l’Afrique et à Aden sont éloquents quant à ses talents de commerçant, d’explorateur et de polyglotte. Ces témoignages informent en outre sur la vie privée de Rimbaud à Harar, fournissant des détails sur ses diverses aventures avec des femmes africaines, particulièrement avec une Éthiopienne « de grande beauté » dont une photographie a été conservée.

 

En résumé, Rimbaud a eu en Afrique et en Asie une « nouvelle vie » longue et complexe, que l’attitude dédaigneuse — et peut-être simplement jalouse — de Verlaine (qui, à cette époque, évoque Arthur comme étant son « grand péché radieux », dans son poème Laeti et Errabundi) n’a pas la capacité d’annihiler.

 

(A voir : Musée Rimbaud à Charleville)

 

A lire : Arthur RIMBAUD sur Wikipedia

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