Le Rocher de Roquebrune
La Provence est une région riche en sites remarquables. Si les falaises de Cassis, les gorges du Verdon, le pont du Gard ou la fontaine du Vaucluse et bien d’autres merveilles sont connus de tous, certains comme le Rocher de Roquebrune sont méconnus.
Situé dans le département du Var, le Rocher de Roquebrune est aussi cher à ses riverains que le Massif de la Sainte Victoire peut l’être aux Aixois ou celui de la Sainte Baume aux Toulonnais. Longé par le fleuve côtier l’Argens, et par l’A7, le rocher de Roquebrune est principalement situé sur la commune du même nom.
Le rocher de Roquebrune se distingue par son esthétique remarquable. Déjà, la couleur rouge de sa roche tranche sur le ciel bleu et la végétation, couleur due à une forte présence d’oxyde de fer. Ses falaises, ses pentes érodées, ses failles, ses crêtes dentelées et ses colonnes modelées par l’érosion, comme celle de Deux Frères, font tout son charme.
Ce rocher fut longtemps habité, comme le prouve de nombreux vestiges de cette occupation. Des mégalithes, deux oppida de l’age de fer (des camps retranchés), les vestiges d’un village du moyen-âge (Sainte-Candie), des chapelles, des moulins à huile, un four à tuile et j’en passe.
Au moyen-Age, le rocher avait une valeur religieuse importante. Selon la légende,
lorsque le Christ mourut sur la croix, le rocher se déchira en trois failles qui symbolisaient les trois plaies, ou bien encore les trois croix qui furent dressées sur le calvaire au jour de la crucifixion. C’est pourquoi furent érigés à son sommet trois croix et que des pèlerinages s’y faisaient . Ces croix ont été renouvelées depuis.
Une autre légende prétend qu’en ces lieux une belle jeune femme avait décidé de se consacrer à une vie d’abstinence et de prières. Un jour, un noble qui chassait dans les parages fut attiré par sa beauté. La demoiselle, devant ses avances, s’enfuit mais le noble se lance à sa poursuite. Arrivée devant une paroi et ne trouvant aucune issue, elle supplie la Sainte Vierge de lui venir en aide. Le rocher se déchire alors juste assez pour laisser passer la jeune fille qui échappe ainsi à cet homme. Depuis, et jusqu’à nos jours, il est coutume de dire que seules les âmes vertueuses peuvent franchir le Saint Trou.
Ce Saint Trou est suffisamment visité pour que nous puissions doutés que seules les âmes vertueuses peuvent emprunter ce passage. Par contre, seules les personnes minces, agiles et ne souffrant pas de l’obscurité et de claustrophobie sont aptes à le traverser tant il est étroit, peu aisé, longue et sombre. Le retour à la lumière se fait dans une sorte de grande salle, « la cathédrale ». Ce passage se loge dans une longue faille dans laquelle se sont entassés des rochers.
Outre ses superbes paysages, ses vestiges, sa faune et sa flore, ce rocher à une autre particularité: il loge depuis fort longtemps un ermite, frère Antoine, dans des grottes situées en hauteur, auprès d’une sorte de petit col. Il est l’ermite le plus visité de France.
Après le Rocher du Dramont, j’ai choisi d’amener Victor, le personnage principal de mon roman Leurs Cornes Immenses, vivre dans un abri de ce Rocher de Roquebrune, dans les derniers millénaires de notre préhistoire.
ALAIN FOURNIER