Et si la solitude touchait plus de monde que ce qui nousest dit ?
Le 26 juin 2013, le journal Libération titrait :
« La solitude s’étend en France ». Il reprenait un texte de l’AFP disant :
« De plus en plus de Français sont touchés par l’isolement, un phénomène qui épargne moins les jeunes, et s’aggrave avec la précarité de l’emploi et la faiblesse des revenus.
La solitude concerne en 2013 12% des Français de plus de 18 ans, un phénomène en constante aggravation, surtout chez les plus jeunes et les plus âgés, révèle mercredi une enquête de la Fondation de France.
Selon cette enquête, depuis 2010 la solitude a touché en France un million de personnes supplémentaires, portant à 5 millions le nombre de ceux qui n’ont pas ou peu de relations sociales au sein des cinq réseaux de sociabilité (familial, professionnel, amical, affinitaire ou de voisinage). En 2013, 27% des Français ne disposent que d’un seul réseau (contre 23% en 2010), 39% n’ont pas de lien soutenu avec leur famille (contre 33% en 2010), 37% n’ont pas ou peu de contacts avec leurs voisins (contre 31%) et 25% ne disposent pas d’un réseau amical actif (contre 21%).
Autre enseignement de l’enquête : la solitude s’aggrave chez les plus jeunes et les plus âgés. Chez les moins de 40 ans, la solitude a ainsi doublé en 3 ans et pour la première fois, le phénomène touche les 18-29 ans (6% d’entre eux), jusque là préservés. Selon l’étude, les difficultés d’entrée et de maintien dans l’emploi constituent l’une des principales explications à cette extension générationnelle du phénomène.
A l’autre extrémité, 24% des 75 ans et plus sont touchés par l’isolement, contre seulement 16% en 2010. Une hausse liée à plusieurs phénomènes, selon l’étude : une augmentation de la part des personnes âgées en situation de handicap, une baisse relative des pratiques associatives et un relâchement sensible des relations familiales. La pauvreté accentue le phénomène : 17% de personnes sont isolées parmi les foyers ayant moins de 1 000 euros de revenus nets mensuels.
Le chômage est un autre terreau pour la solitude : entre 30 et 60 ans, le fait d’être ou non en emploi constitue la variable la plus explicative. Ainsi, 15% des personnes en recherche d’emploi sont seules. Facteur nouveau : depuis 2010, la solitude a progressé fortement au sein des classes moyennes (définies comme les foyers disposant de 1 000 à 3 499 euros de revenus nets mensuels).
En trois ans, la solitude a aussi progressé dans les grandes villes, révèle l’enquête, puisque 13% des habitants des grandes métropoles se disent seuls contre 8% en 2010. L’enquête a été réalisée par l’institut d’études TMO régions par téléphone entre le 7 janvier et le 26 février, auprès de 5 000 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. »
AFP
Ces chiffres sont impressionnants mais ne concernent que « l’isolement ». Et nous avons toujours expliqué qu’il y a une différence entre « isolement » et « solitude »….
La solitude touche encore plus de monde car vous pouvez être marié(e), avoir dix enfants, une vie bien remplie, toucher à tous les réseaux sociaux et pourtant traverser un grand moment de solitude face aux aléas de la vie…face à votre vie tout simplement…
Et cela est de plus en plus courant, autant chez les jeunes que chez les moins jeunes. La vie d’aujourd’hui nous pousse à passer un temps infini devant nos écrans (ordinateurs la journée, écrans tv le soir, téléphone à tout bout de champ, les jeux sur écrans, les tablettes, les liseuses pour la lecture, etc.. –
Avez vous observé une heure de pointe dans une grande ville à l’heure de la sortie du travail ? Vous êtes arrêtés au feu rouge et traversent devant vous des dizaines de personnes avec l’oreille accrochée à leur téléphone ou les yeux fixés sur leurs mails, qui traversent la rue sans même regarder ! C’est impressionnant !
Pourtant, ces mêmes personnes, exténuées par leurs tâches du quotidien, leur travail, les enfants, les courses etc.., se branchent dès qu’elles le peuvent sur les réseaux sociaux, collectionnent leurs « relations » ou « amis » comme les enfants collectionnent les vignettes dans leurs album et vont se coucher bien seules dans leurs cœurs. A peine le temps de discuter en famille, pas le temps d’échanger avec les conjoints et trop fatigués pour les câlins avant de dormir….et pour les célibataires, plus trop de temps pour les vrais amis et les véritables relations…Ah si ! des sms à foisons pour leurs vrais amis (c’est plus rapide !) car trop fatigués et plus assez de temps pour les appeler et passer du bon temps à l’extérieur avec eux…. Et tout doucement, très sournoisement, la « solitude » s’installe et les ronge de l’intérieur….
Cette solitude là, personne n’en parle, et une majorité y est confrontée…
Aussi, si on additionne les « isolés », plus celle des « solitaires victimes de la solitude » plus celle des personnes qui vivent des moments difficiles dans leur vie, plus ceux qui sont dans les différentes catégories de solitude que nous avons eu l’occasion d’évoquer, alors là, le compte est lourd et même inquiétant…
Et c’est pour toutes ces personnes et celles habitées par cette solitude sournoise, que nous sommes là avec notre équipe de coachs et que nous essayons, ensemble, de trouver des solutions pour comprendre, agir, gérer, dépasser et surtout pour apprendre comment se servir de certains de ces moments de solitude pour les transformer en moteur afin de nous faire évoluer dans la vie et non pas sombrer dans la dépression…
Il serait dommage qu’à une époque où nous connaissons une ouverture formidable sur l’extérieur, nous ne prenions pas conscience de cet enfermement sournois nous menant vers cette solitude invisible mais bien désastreuse…qui, se rajoutant aux autres solitudes, amplifiera d’une façon certaine le mal être de notre société dans un temps futur, sûrement très proche.
Chantal ROLLAND.