PSYCHOLOGIE : NOTRE RAPPORT AU TEMPS…
JE SUIS TOUJOURS EN RETARD
JE SUIS TOUJOURS EN AVANCE
JE SUIS TOUJOURS A L HEURE
L’être humain réagit de trois façons différentes aux cycles du temps. En fonction de son caractère, de sa personnalité, de ses origines, de son éducation ou de ses principes, il peut être toujours en retard, toujours en avance ou tout simplement exactement à l’heure.
JE SUIS TOUJOURS EN RETARD
Dans ce rapport de l’homme au temps, ce problème touche à la fois celui du temps comme celui de l’homme. C’est peut-être le plus incontournable dans une réflexion au temps car c’est celui qui se joue dans le rapport aux autres.
Prendre son temps, c’est aussi prendre celui de l’autre. Arriver en retard dans une réunion ou à une soirée, c’est « désorganiser » momentanément celle-ci. Arriver après les autres au travail, c’est souvent laisser « l’autre » amorcer une partie de son travail. Ne pas être à l’heure à un rendez-vous lasse et inquiète la personne qui attend. C’est, en quelque sorte, manquer de respect vis à vis d’autrui et faire fi de l’existence de l’autre, le mettre en état de dépendance…Etre égoïste en quelque sorte ; ne penser qu’à soi. Ne pas prendre en compte les contraintes de l’autre. La non ponctualité est un critère d’impolitesse.
Que nous révèle donc le retard sur l’homme dans son rapport au temps ?
Certains enfants se développent difficilement. S’ils ne sont pas bien guidés, la lenteur de ce développement en fera des personnes sujettes au retard puisque le développement physique et mental est pratiquement arrivé à maturité à l’adolescence. Trop de laxisme à ce moment là du développement nuira au futur adulte.
Quelques sujets ne veulent pas se laisser tyranniser par des contraintes temporelles. Ces mêmes personnes préfèrent prendre leur temps quitte à gêner leur entourage. Là encore, l’éducation est responsable.
Celui qui est en retard « brille » par son absence. Il se fait désirer. Par ce comportement, le retardataire impose un jeu de séduction, le reflet d’une attitude perverse qui consiste à obliger l’autre à penser à lui . C’est l’expression d’un fort narcissisme qui l’empêche de considérer l’autre avec respect.
On peut volontairement être en retard tout en ignorant les vraies raisons de son comportement. On peut vouloir être à l’heure et déployer toute une stratégie inconsciente pour se retarder.
Un retard systématique peut prendre de telles proportions qu’il devient un symptôme psychologique : on l’appelle procrastination. C’est un comportement lié à l’estime de soi. Ces personnes ne sont ni paresseuses ni désorganisées, comme on le croit, souvent mais sont victimes de cet état et font souffrir leurs proches. Les manifestations peuvent être plus ou moins graves et vont de l’écolier qui refuse de faire ses devoirs à l’adulte qui, dans son couple ou au bureau, accumule les retards.
Est procrastinateur grave celui qui remet tout au lendemain, et finit par ne plus passer à l’action. Ces personnes finissent se rendent la vie impossible….et exaspérernt les autres !
La notion de retard peut nous ramener à la pensée du physicien Albert Einstein qui disait que tout était relatif. En effet, un retard peut être admissible ou inadmissible selon les cultures, les situations, les évènements, les traditions etc…Chacun crée sa notion du temps. Cependant, il est impératif que chacun adapte sa notion du temps aux règles que se fixe la société dans laquelle il évolue, pour ne pas s’inscrire dans un comportement associable.
J’ARRIVE TOUJOURS A L’AVANCE
C’est également une question de respect vis à vis de l’autre et vis à vis de soi-même par rapport à l’engagement horaire qui est convenu. Sauf que cette fois-ci, il s’agit d’un trop grand respect de l’engagement. Attitude très noble au demeurant, mais qui trahit souvent une réalité psychologique : une trop grande dépendance aux autres, avec le souci permanent d’être jugés, donc un manque de confiance en soi. En étant plus que ponctuels, ils limitent d’emblée le risque d’être mal jugés…Ces personnes sont souvent extrêmement bien organisées dans la vie, et ont tout particulièrement tendance à irriter les retardataires chroniques !
L’éducation encore est souvent responsable de cette attitude ; une forme de mimétisme peut aussi exister quand un enfant est élevé par des parents ponctuels ou toujours en avance (bien que certains enfants puissent réagir à l’encontre de cette éducation en étant une fois adulte toujours en retard !…)
D’autres encore aiment orgueilleusement être toujours les premiers. Ils préfèrent attendre plutôt que de se faire attendre, restant maîtres incontestables de la situation.
En général, les personnes qui sont toujours en avance sont souvent à la pointe du progrès, puisqu’elles anticipent constamment les nouveautés. Mais en se rendant dépendants du rythme de l’autre, et en anticipant constamment les horaires fixés, ils trahissent aussi un besoin fondamental de rester maîtres du temps qui passe, cachant sans doute une angoisse formelle vis-à-vis de cette aiguille du temps qui nous mène irrémédiablement vers la mort…
JE SUIS TOUJOURS PILE A L’HEURE
Le plus difficile pour devenir ponctuel est de faire se correspondre le temps de l’horloge, celui de la société ou du collectif avec le temps subjectif ou personnel.
Quand on parvient à cette prouesse, la ponctualité permet de faire coïncider deux séries d’évènements. C’est une exactitude, celle d’une « promesse tenue ». Elle est la vision la plus aboutie que l’on puisse se faire du temps ; un modèle d’équilibre. On a pour la ponctualité de la considération. Aller vite et bien, ne pas prendre de retard, arriver pile à l’heure, n’est ce pas aussi un rendez vous réussi avec soi même ?
Peu à peu, avec l’âge, notre rapport au temps peut évoluer. Le plaisir de choisir ses activités, de couper le rythme effréné du quotiden, de vivre pleinement un bonheur fugace. On peut composer avec plus de liberté son emploi du temps, profiter de chaque instant et même le suspendre mais en n’engageant que soi et jamais les autres.
Un poète a dit : « Dans la chaîne des jours, nous formons le temps ; utilisons le « présent » même dans le retard, car l’homme est le Temps qui s’écoule, après nous il ne sera ni temps, ni retard, mais éternité ou néant ».
Et pour moi, « le Temps n’est qu’un marque-pages du livre de notre vie. Chaque jour qui passe est un jour en moins car chaque jour est une page de notre livre, qui tourne. Quand la couverture se refermera, ce sera le livre de ma vie qui sera fini ; je partirai dans l’éternité de la mémoire et du souvenir, rejoignant ainsi les millions d’autres œuvres qui composent la plus grande bibliothèque du monde ».
CHANTAL ROLLAND